Laurent Soffiati
Laurent Soffiati

Respiration(s)

Conférence-Théâtre 

Prenons le temps d'une respiration poétique rythmée par mes coups de coeur, les livres et les poètes qui jalonnent mon chemin, en lisant Delteil, Estieu, Bousquet, Cosculluela, Hugo, Handke, Rostand, Baudelaire...Je vous parle de théâtre, de livres, de lectures, de résilience, d'enfance, d'énergie, de vie, de souffle...

 

Les livres nous attendent

 

Ils sont là, sur les étagères, posés comme des chats languissants sur les murets.

Ils attendent, tels des hiboux dans la nuit, assoupis mais vigilants.

Ils devront être prêts. Prêts à être réveillés quand, soudainement, une main se tendra et ouvrira le livre. Les miens sont partout, un peu ici, beaucoup là. Achetés sur le conseil d’une amie, ou conseillé à la radio, ou offert, achat personnel, impulsif, réfléchi.

Ce livre où l’on trouvera tout dedans, la vibration et la réponse à la question qui nous taraude depuis tant de temps.

Là, dans celui-ci, à cette page, la lumière viendra…

Et puis ce n’est pas si simple. Ce n’est pas offert comme cela.

Mais quel bonheur quand, ce livre devant lequel nous sommes passés tant de fois, d’un coup, comme aimanté, attiré, la main s’approche et le saisit.

Il était là, au bon moment, en accord avec mon humeur, ma quête, mon questionnement.

A cet instant le temps s’arrête.

Le mur, la chaise, le canapé, le sol, une marche d’escalier, nous accueillent pour lire ces quelques pages qui s’offrent à nous.

Les livres me parlent. Telles une conscience je sais qu’ils sont là.

Je crois même que parfois, je pense que je n’ai pas besoin de les lire.

Je suis. Ils sont. Et leurs mots flottent dans l’air.

Pourquoi donc les auteurs de ces livres ne me parleraient pas, ne me chuchoteraient pas quelque chose de leur âme à la mienne ?

Je leur fais confiance.

Les livres posés ici et là sont ma conscience du monde. Mon oxygène que je ne respire pas assez, entraîné par la course contre le temps, les « choses à faire » comme on dit.

Le livre, sur la petite étagère dans le virage de mon escalier, m’interpelle, me stoppe, me murmure « fais une pause »

Alors je m’arrête, je fais le plein de mots, je remplis mon réservoir, puis je repose le livre et continue ma route.

Tels 1000 yeux qui me regardent précautionneux, bienveillants, les livres sont des amis fidèles, qui ne me trahiront jamais.

Ils sont. Là.

Laurent Soffiati

1er Novembre 2022